Extrait d’Expiration (Partie 1) :
“— Eddy ? Nous sommes rentrées.
— Que ça fait du bien de t’entendre ! J’ai vécu les quatre semaines les plus longues de ma courte vie.
— Des soucis ?
— Une phalange en moins…
Je crachai mon café sous la surprise du monarque et de la sorcière.
— C’est faux ? rétorqua ce dernier en se levant.
— C’était interdit de parler de Christophe ? s’inquiéta Halytia.
— Non ! Rien de grave, j’ai simplement avalé de travers, insistai-je pour répondre aux deux. Poursuivez.
À l’aide d’une serviette bordeaux en papier, j’essuyai mon menton puis le parquet.
— Siobhan ? Tu es toujours là ?
— C’est quoi cette histoire ?
— J’ai eu droit à un interrogatoire en bonne et due forme.
— Ordre de Joseph ?
— Non. Il a pété un câble quand il a ouvert la porte et a vu mon état. Ta copine Sahar m’a tout réparé. Je suis comme neuf. J’ai même gagné au change, car mon doigt magique tape encore plus vite que l’ancien.
Je soupirai afin de me calmer. Bon sang d’Odin, je leur avais laissé un mot et ils s’en étaient quand même pris à mon Big Boss, un simple humain !
— Qui t’a fait ça ?
— Kamran, mais il était fou d’inquiétude de ne pas savoir où tu étais.
— Je m’en moque. Il n’avait aucun droit de s’en prendre à toi !
— Tu sais très bien que si.
— Depuis quand cautionnes-tu la torture ? me braquai-je.
— On vit parmi des vampires, Siobhan ! On est forcément soumis aux mêmes traitements que les autres.
— Bon sang d’Odin, ils t’ont lobotomisé en plus de t’avoir amputé ?
Il rigola.
— N’en fais pas un scandale. Sahar et Joseph s’en sont chargés avant ton retour. Depuis, Kamran n’a plus le droit de m’approcher de près ou de loin et Sihat le suit en permanence.
— Autre chose à savoir ?
— Il a tout pété.
— Qui ?
— Eh ben, Kamran.
Je portai mon café à mes lèvres.
— Comment ça ?
— Littéralement. Tu n’es pas au palais ?
— Je suis dans le bureau de Joseph.
— Tu n’as pas vu que toute la déco du hall d’entrée a changé ?
— Ça ne m’a pas sauté aux yeux.
— Pas longtemps après ton départ, un soir quelconque, il a tout saccagé.
— Tu étais présent ?
— Oui, Sihat et Sahar m’ont protégé. Kamran a éventré les tapisseries et les tableaux. Il a jeté toutes les jarres sur les statues et a hurlé comme un détraqué. J’ai cru qu’il avait perdu l’esprit. Même derrière les sœurs, j’en ai pissé dans mon slip, c’est dire comme il m’a effrayé. J’en rêve encore la nuit !
— Comment a réagi Joseph ?
— Ils ont tous attendu qu’il se calme. Puis Sihat l’a amené dans les sous-sols. Peu après, ils ont pris une voiture et ne sont rentrés qu’au petit matin. Je ne sais pas où ils sont allés, mais sur la vidéosurveillance à leur retour, ton pote était dégoulinant de sang.
Je me pétrifiai. Bon sang d’Odin, c’était quoi cette histoire ?
— C’est tout ?
— Tu ne trouves pas que c’est suffisant, rit-il.
— Bien assez à mon goût. J’ignorais qu’il t’avait torturé, tu aurais dû me contacter. Je suis vraiment désolée, Eddy.
— T’inquiète, je n’ai plus de capsules de George près de mon bureau… Tu sais comment te faire pardonner, cheffe !
— Tu ne perds pas le nord.
— Dois-je te rappeler que je suis un Irlandais pur souche, moi, madame ?
En reposant ma tasse, je pouffai, le dos tourné aux deux autres.
— Si quelque chose te revient, je suis là.
— Compris, cheffe !
— Ils t’ont nourri à quoi pendant mon absence ?
Je n’en croyais pas mes oreilles. Depuis quand mon Big Boss s’adressait-il à moi avec autant de familiarité ?
— Promis, je n’ai pas bu une goutte de sang, mais des litres de café.
— D’où le manque de capsules ?
— Tu ne te rends pas compte du boulot que c’est de déterrer des taupes.”